COMMENT ÉVOLUE LE MÉTABOLISME DE BASE AVEC L’ÂGE?

On entend souvent dire que le métabolisme de base1 ralentit dès la vingtaine, et c’est ce qui expliquerait pourquoi il est plus facile d’engraisser avec l’âge. Et si on vous disait que cette croyance est remise en question? 

L’évolution du métabolisme de base

En 2021, une étude publiée dans la prestigieuse revue Science[1] est venue chambulée les croyances sur la façon dont la dépense énergétique évolue au cours de la vie. Contrairement aux ouïs-dires populaires voulant que le métabolisme de base (MB) ralentit à partir de 20 ans, l’étude a plutôt révélé que le MB reste relativement stable entre l’âge de 20 et 60 ans. 

L’étude regroupant un échantillon de 6400 personnes, âgées de 8 jours à 95 ans, et utilisant une méthodologie rigoureuse, a permis de regrouper en quatre phases distinctes les variations qui surviennent dans notre métabolisme.

1.    Première année de vie

Durant la première année de vie, la dépense énergétique est la plus élevée en raison du rythme effréné de la croissance et du développement. Les nourrissons doublent souvent leurs poids de naissance en quelques mois et continuent de grandir à un rythme soutenu, exigeant beaucoup d’énergie (ex. formation des organes, développement du système nerveux, etc.). 

2.    Enfance et adolescence

Pendant l’enfance et l’adolescence, la dépense énergétique demeure élevée, mais commence à diminuer graduellement, même si elle demeure plus élevée qu’à l’âge adulte. La croissance physique se poursuit et nécessite toujours un apport énergétique important. Avec l'âge, les enfants et les adolescents deviennent de plus en plus actifs physiquement et développent leur masse musculaire, un tissu métaboliquement actif qui demande beaucoup d’énergie. 

3.    Âge adulte : de 20 à 60 ans

Une phase de stabilité s’installe dès la vingtaine jusqu’à l’âge de 60 ans. Cette période de la vie est généralement caractérisée par une stabilisation de la taille et de la composition corporelle. Bien que le métabolisme soit relativement stable, la dépense énergétique totale d'une personne peut varier considérablement en fonction de son niveau d'activité physique. Une personne active brûlera ainsi beaucoup plus de calories qu'une personne sédentaire, même dans cette phase de stabilité métabolique. 

(Bulle) Ce résultat clé de l'étude suggère que la prise de poids observée chez certains adultes d'âge moyen n'est pas principalement due à un ralentissement métabolique inhérent à l'âge, mais plutôt à un déséquilibre entre l'apport et la dépense énergétique (ex. diminution de l'activité physique ou l’augmentation de l'apport calorique).

4.    Âge avancé : 60 ans et plus

Finalement, la dépense énergétique est en déclin progressif après l’âge de 60 ans. Plusieurs changements physiologiques liés au vieillissement commencent à influencer la dépense énergétique comme la perte de masse musculaire (moins de muscles = diminution du métabolisme = moins de calories brûlées au repos). Même si le poids corporel reste stable, il peut y avoir une perte de muscle remplacée par une augmentation de la graisse, ce qui contribue également à une dépense énergétique plus faible au repos. Aussi, les personnes âgées peuvent devenir moins actives physiquement (ex. problèmes de santé, douleurs, diminution de la mobilité), ce qui réduit leur dépense énergétique totale. 

Cette étude d’envergure remet ainsi en question l'idée que le métabolisme commence à ralentir dès le début de l'âge adulte et souligne l'importance de la perte de masse musculaire dans la diminution de la dépense énergétique avec l'âge avancé. Elle met également en lumière un déséquilibre entre les calories avalées et les calories dépensés à l’âge adulte qui pourrait expliquer la prise de poids chez certains adultes d’âge moyen.

En résumé

Bref, pour contrer la prise de poids en vieillissant, il semble impératif d’entretenir notre masse musculaire et d’adapter nos apports caloriques à nos activités physiques quotidiennes.D’autres pistes de solution sont à explorer comme la prédisposition génétique à la prise de poids et la hausse de la consommation d’aliments transformés et caloriques à l’âge adulte. 

RÉFÉRENCE

  1. Pontzer et al. Daily energy expenditure through the human life course. Science, 2021, Vol. 373, Issue 6556, pp. 808-812.